Combattre
XXIX Dimanche T.O. –
La liturgie de la Parole de ce dimanche débute de façon assez décisive : « En ces jours, Amalek vint combattre Israël à Rephidim » ( Ex 17, 8 ). Il faut se rappeler que Amalek, selon les témoignages de la Généalogie ( cf Gn 36 ), provient de la lignée d’Esaü, lié donc aux Edomites avec qui il partage l’animosité ancestrale avec Jacob. Le lieu de la confrontation avec Josué ( Ex 17,8 ) est Rephidim dont l’étymologie –raphah+yadim – signifie avoir les mains faibles. La Mekhilta indique un « relâchement des mains » indiquant ainsi que l’Adversaire apparaît dès qu’il y a un relâchement. Au contraire, la prière, selon la parole du Seigneur Jésus – dans l’Evangile – est une « nécessité » qui exige un bon entraînement dans la persévérance « sans jamais se relâcher » ( Lc 18, 1 ). La parole de la « veuve » qui continue à importuner le juge est une parabole de cette capacité de prière : une prière capable de plier et rectifier le cours de l’histoire, éliminant la prise au mal par une attitude de combat qui n’accepte aucune forme de relâchement. Retournons ainsi aux temps d’Amalek quand Moïse ne baissa pas les bras pendant que Josué combattait dans la vallée. Selon la sagesse de la Tradition, la guerre contre l’ennemi de Dieu existera toujours dans l’Histoire et « seule la puissance de celui qui a ouvert la mer par le bâton de Moïse, peut garantir la victoire » 1.
La lutte contre la volte-face de l’ennemi de Dieu est faite avec persévérance et sans se rendre. Il faut persévérer assidûment dans la poursuite de ce que nous sentons être un bien nécessaire, non seulement pour notre vie, mais – surtout – lorsque ce bien concerne la vie et le bonheur des autres. L’apôtre Paul se situe dans la même ligne de l’Exode et dans la même perspective de ce chemin que le Seigneur Jésus accomplit, vers Jérusalem, avec une ferme décision : « Pour toi, tiens-toi à ce que tu as appris et dont tu as acquis la certitude » ( 2 Th 3, 14 ). Il n’est pas rare que penser à la prière corresponde à imaginer une certaine démission face à la vie et à l’Histoire. Au contraire, la prière est une façon profonde d’envisager la meilleure préparation possible de tous les pas que nous sommes nécessairement appelés à accomplir dans notre vie et notre Histoire, afin qu’ils soient authentiques et durables.
Une remarque assez significative, dans la conclusion de la parabole, est le fait que le Seigneur Jésus recourt, pour son interprétation, à deux questions et non à deux affirmations, indiquant ainsi que la prière – avant d’être une réponse épanouissante – est une interrogation qui interpelle l’intérêt de notre expérience humaine, une expérience perçue et vécue au plus haut point d’extension de la relation à Dieu. Ainsi conclut le Seigneur Jésus : « Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers Lui jour et nuit ? ». Et, comme si cela ne suffisait pas, il y a un autre point d’interrogation : « Mais, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » ( Lc 18, 7-8 ). La prière ne consiste pas dans de belles paroles ou de beaux sentiments, mais dans la capacité de persévérer dans la bataille de la vie même lorsque l’on se sent terriblement seuls…et Dieu sera à nos côtés sans jamais se substituer à nous, afin de nous permettre de savourer l’honneur du combat et la joie de vaincre.
1. E. BIANCHI, Lontano da chi?, Gribaudi, p. 203
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