Ton nom est Rester, alléluia !

III Dimanche de Pâques –

L’évangéliste Jean nous emmène bien loin, vraiment au large de la compréhension nécessaire du mystère du Christ qui, Ressuscité des morts, nous précède continuellement sur les chemins de la vie. Pendant que les apôtres cherchent à se retrouver après le drame pascal en reprenant la vie de toujours, le Seigneur Ressuscité « parut sur le rivage, mais les disciples ne reconnurent pas que c’était Jésus » ( Jn 21, 4 ), alors que le Maître savait bien qui étaient ses disciples. Pâques a réellement changé tout de façon si radicale qu’il ne suffit pas de reprendre les habitudes d’avant pour retrouver son chemin. Il est nécessaire, pour ainsi dire, de compter avec Pâques et le Seigneur Jésus se tient sur la rive pour aider et accompagner les disciples à ne pas faire semblant et à ne pas oublier…donc à faire mémoire et à être capable de faire un pas en avant dans leur compréhension du mystère de la vie plutôt que de chercher à tout prix de retourner en arrière.

Si nous nous laissons guider par la sagesse de la Liturgie, nous pouvons mettre en parallèle le passage de l’Apocalypse et ce que nous décrit l’Evangile. C’est comme s’il s’agissait de deux liturgies : l’une céleste et l’autre terrestre, l’une cultuelle et l’autre existentielle. Pourtant, ce sera vraiment la rive du lac qui sera le lieu adéquat et véritable qui fera fondre le coeur dans l’acclamation : «  A celui qui sied sur le trône et à l’Agneau, louange, honneur, gloire et puissance pour les siècles des siècles » ( Ap 5, 13 ). L’on pourrait oser  une image frôlant la banalisation irrévérente, mais qui risque d’être particulièrement efficace : dans le mystère de l’abaissement pascal du Verbe fait chair, Dieu, désormais, «  siège sur le trône » comme une mère de famille reste aux fourneaux pour pouvoir inviter tous avec une joie amoureuse : «  Venez et mangez » ( Jn 21, 12 ).

La conclusion de la première lecture nous atteste comment et quand, en réalité, les apôtres, enfin, ont été capables d’entrer dans le mystère de la résurrection jusqu’à savoir risquer et donner leur vie : «  Pour eux, ils s’en allèrent, alors du Sanhédrin, tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des outrages au Nom de Jésus » ( Ac 5, 41 ). Si la fécondité pascale est le fruit mur du chemin de Jésus au milieu de nous, elle représente aussi une rupture radicale dans sa façon d’être présent. Ceci est suggéré par une sorte de transformation numérique qui, pour les Anciens, est la meilleure manière d’indiquer une radicale et irréversible mutation du réel. Les disciples ne sont ni les Douze, ni les Onze des autres récits de la résurrection – ceci est en fait la «  troisième fois » – ils sont désormais sept, chiffre qui indique la plénitude et la perfection comme  le septénaire de la création. Mais, surtout, l’on ne se souvient pas d’eux par l’évocation d’un chiffre, mais par la précise répétition de chacun des trois premiers, par l’évocation du lien des deux autres et un nombre qui, enfin, laisse la porte ouverte à tout nom possible : «  Simon Pierre, Thomas dit Didime, Nathanaël de Cana de Galilée, les fils de Zébédée et deux autres disciples » ( 21, 2 ).  A cette nouvelle façon de se présenter apparaît : « Je vais pêcher », suivi de «  nous venons aussi avec toi ».( 21, 3 ) .Il y a une dernière parole du Ressuscité : «  Suis-moi » ( 21, 19 ). Voici maintenant venu le temps de la solitude, du chemin de la foi vécue, certain et nécessairement en communion profonde avec les autres disciples, mais ouvert à l’irréductibilité de l’expérience personnelle unique et irremplaçable : «  …et il te mènera où tu ne voudrais pas » ( Jn 21, 18 ).

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