La quatrième présence
XV Dimanche T.O. –
La question du Seigneur Jésus s’adresse aussi à nous : « Lequel de ces trois te semble avoir été proche de celui qui est tombé entre les mains des brigands ? » ( Lc 10, 36 ). L’on pourrait dire, en vérité, c’est « le quatrième homme », le vrai protagoniste de la parabole et, c’est exactement ce « quatrième » personnage ( Dn 3, 92 ) entrevu par le roi Nabuchodonosor alors qu’il se promenait avec les trois jeunes portant une présence rafraîchissante à l’intérieur de la fournaise brûlante. Cette quatrième présence est celle du Christ ! Comme l’explique Sévère d’Antioche : « Christ n’a pas dit ‘ l’un descendait’, car le passage concerne toute l’humanité. Cela, à la suite de la faute d’Adam, qui a délaissé le séjour magnifique, calme, sans souffrance et merveilleux du paradis, appelé avec justesse Jérusalem – nom signifiant « la Paix de Dieu » – et il est descendu vers Jéricho, région basse et creuse, où la chaleur est suffocante. Jéricho, est le rythme fébrile de la vie de ce monde, vie qui éloigne de Dieu. Une fois que l’humanité a emprunté cette vie, abandonnant la voie étroite, la meute des démons sauvages vient attaquer comme une bande de brigands »1. Qui désormais pourra nous libérer de la main des brigands qui dilapident notre espérance, si ce n’est ce « Samaritain » ( Lc 10, 33 ) qui se penche sur nos plaies et les soigne par sa miséricorde et son amour ?
La parole du Deutéronome nous aide à comprendre comment l’observance des commandements de Dieu exige la maturité d’un regard capable de reconnaître la présence de celui qui a besoin d’être accueilli et secouru. C’est indéniable que la parole et la volonté de Dieu ne sont pas « loin » ( Dt 30, 11) dans la mesure où nous apprenons à nous faire proches. Nous aussi nous sommes appelés à devenir, à travers un amour toujours plus authentique, rien de moins que « des images du Dieu invisible » ( Col 1, 15 ) lequel se rend visible chaque fois que nous savons sortir à l’extérieur, sans ignorer, en faisant semblant de ne rien voir et d’oublier en se soustrayant à la possibilité d’être vus, rencontrés et sauvés. En relisant encore une fois la parabole du bon samaritain, nous recevons la consolation et l’apaisement de ne pas parcourir seul nos chemins. Le Seigneur est en chemin sur les routes si dangereuses de notre humanité et il ne nous laisse pas seuls ; sa sollicitude est telle qu’il s’arrête et nous charge « sur sa monture » ( Lc 10, 34 ).
Loin de nous de penser à nous-mêmes en nous mettant dans les vêtements de ce quatrième homme qui « était en voyage » comme tous et comme ces trois autres hommes, mais à la différence de ceux-ci, guidés d’une si profonde « compassion » ( 10, 33 ) qu’ils interrompent leur chemin pour le reprendre plus tard et…seulement après avoir rejoint le but de leur vie qui est la capacité d’aimer. Les paroles et les gestes du Seigneur Jésus n’ont pas d’autre but que celui d’ouvrir pour nous la possibilité de vivre de façon semblable et ressemblante au Christ qui ne passe jamais « de l’autre côté », mais se fait vraiment « proche ». Apprenons à faire du voyage de notre vie un vrai sacrement de compassion et un réel espace de salut où nous nous laissons interpeler par chaque blessure et chaque traumatisme humain comme si c’étaient les nôtres, comme si nous étions concernés personnellement. D’ailleurs, nous sommes un seul « corps » ( Col 1, 18 ).
1. SEVERE D’ANTIOCHE, Discours, 89.
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